26

Nick Surtees regardait d’un œil incrédule le contrat que lui tendait Acie Jensen. À priori, cette matinée avait commencé comme toutes les autres, avec son cortège habituel de corvées, et maintenant voilà qu’on lui proposait de devenir riche, plus riche qu’il n’aurait jamais osé rêver de l’être. Cet événement cataclysmique venait de se produire il y avait quelques minutes à peine, au cours d’une entrevue remarquable avec Mlle Jensen, entrevue qui s’était déroulée dans l’énorme camion garé derrière l’hôtel.

Le contrat lui-même était un vrai pavé, mais Jensen précisa qu’elle lui laisserait cet exemplaire afin qu’il puisse se familiariser avec ses termes. Elle semblait présumer que Nick mettrait son avocat sur l’affaire. Il trouva un blanc à la page dix-sept, là où ils noteraient le prix de la transaction une fois qu’ils se seraient mis d’accord sur le montant. Jusque-là, Jensen avait adopté le comportement typique de la cliente mécontente, mais ce matin-là elle était calme et aimable, et le fait de pouvoir ainsi jongler avec de telles sommes d’argent semblait l’amuser au plus haut point. À un moment donné, elle avait attiré l’attention de Nick sur la taille du blanc dans le contrat, prévu pour qu’on puisse y insérer un nombre respectable de zéros.

Le texte proprement dit n’était qu’un fatras de jargon légal impénétrable écrit en petits caractères et compressé sur trente grandes feuilles de papier.

La première page était un sommaire. Elle était rédigée en un langage assez clair et soulignait les causes et effets de l’accord. De toute évidence, l’auteur présumait que la plupart des gens à qui on proposerait un contrat de ce type ne liraient que cette première page. On y expliquait que le contractant, à savoir la Corporation GunHo domiciliée à Taipei, République de Chine, s’assurait par la présente – et en échange d’un règlement conséquent – la possession pleine et entière d’« information mémorielle significative » ; en acceptant ces conditions, le vendeur abandonnait tout droit afférent à ces informations et leur utilisation par le biais de « créations, adaptations, développements, retraits et rediffusions par voie électronique ».

Le paragraphe le plus volumineux, qui occupait le dernier tiers de la page, était assez éloquent. En grands caractères entourés d’un liseré rouge, le texte stipulait :

 

VOS DROITS. Ce contrat est valable pour tous les États membres de l’Union européenne telle qu’elle est constituée à ce jour et peut être fourni dans toutes les langues officielles des pays de ladite Union ; cette version est en anglais. La même validité s’applique aux États-Unis, mais il conviendra de s’assurer des services d’un avocat. Le contrat décrit un accord concernant les droits de création électronique à partir de souvenirs psychoneuraux.

Dans le cadre de l’Union européenne, de tels accords sont protégés selon les termes du traité de Valence. Avant de signer ce contrat, ou d’accepter de céder vos souvenirs, IL EST FORTEMENT RECOMMANDÉ DE PRENDRE CONSEIL AUPRÈS D’UN HOMME DE LOI COMPÉTENT EN LA MATIÈRE.

 

Nick était encore sous le choc : maintenant, sa vie tout entière dépendait de ces trente et quelques pages recouvertes de petits caractères. L’idée de recevoir soudain une véritable fortune pouvait vous changer à tout jamais. Impossible d’ignorer une telle somme d’argent ; elle était là, à sa portée. Quoi qu’il advienne, rien ne serait plus comme avant.

Pour Nick, l’argent avait toujours été quelque chose qui entrait et sortait en quantités plus ou moins égales, et s’il n’avait jamais été pauvre, il n’avait jamais été riche non plus – quoique, s’il fallait faire un bilan, il était plus souvent pauvre que riche. Et maintenant, il n’y avait pas une demi-heure, on lui avait annoncé qu’il était sur le point de devenir riche. Vraiment riche. Millionnaire. Assez pour se la couler douce jusqu’à la fin de ses jours.

Pas de panique : Acie Jensen lui avait conseillé de prendre son temps pour lire soigneusement le contrat.

C’est ce que devait ressentir celui qui gagnait le gros lot à la loterie, se dit Nick. Ou celui qui héritait d’un parent qu’il connaissait à peine. Tout un éventail de possibilités s’ouvrait devant lui, mais il restait néanmoins conscient des considérations mesquines de l’instant présent. À court terme, il savait qu’au moins il pourrait payer ses factures, régler son découvert (une réclamation à mots couverts de la banque était arrivée ce matin même) et ses dettes de carte de crédit. Puis il n’aurait plus qu’à choisir parmi tout ce qui serait désormais à sa disposition : une voiture neuve, une nouvelle maison, des vêtements, de longues vacances. Et lorsqu’il se serait ainsi vautré dans le luxe, il lui resterait encore des millions. Il n’aurait plus qu’à investir, toucher des dividendes, acheter des propriétés, être financièrement indépendant, pour toujours…

Nick monta seul dans la chambre et referma la porte derrière lui. Sa première impulsion avait été de sauter de joie, de trouver Amy, la prendre dans ses bras, danser dans la rue avec elle en lui faisant part de l’incroyable nouvelle. Mais un sentiment d’une noirceur inattendue venait de monter en lui.

Il n’avait aucune envie de garder l’argent pour lui tout seul, mais dès le début il comprit que cet événement scellerait la fin de leur relation. Il avait une chance de quitter Bulverton, d’échapper à cet hôtel, mais en conséquence il devrait aussi s’éloigner d’Amy. C’était inévitable s’il voulait entamer une nouvelle vie : leur liaison n’avait pas de véritable base, sinon la pression d’un passé qu’ils n’avaient pas choisi, mais étaient forcés de partager.

Cette manne céleste serait une véritable libération, telles des portes qui s’ouvrent en coup de vent. Toutes sortes de pensées lui traversaient l’esprit, si vite qu’il avait du mal à suivre : ce n’était pas qu’une question d’argent, parce qu’il pouvait lui en donner la moitié, non, il lui donnerait la moitié, c’était décidé, et il serait toujours riche, plus riche qu’il n’aurait jamais rêvé l’être. Non, ce qui assombrissait cet horizon bien rose, c’était l’impact que cet événement aurait sur tous les deux en tant que couple.

Un sentiment de détresse monta du plus profond de son être, mais sans parvenir à s’imposer ; ce n’était qu’un nuage noir qui planait à la périphérie de sa conscience. Mais il fallait qu’il l’affronte avant qu’il se développe plus que de raison. Ce coup de chance avait été trop brutal, trop soudain : Amy et lui savaient très bien ce qui les attendait, mais il ne voulait pas précipiter les événements par un tour de passe-passe sordide avec un gros paquet d’argent à la clé. Et pourtant, c’était exactement ce qui allait se produire.

Il retourna au bar et se versa un grand verre de scotch. Il ne put trouver Amy ; pourtant, lorsqu’il l’avait laissée, elle s’affairait dans la cuisine. Il retourna donc dans la chambre à coucher.

Il avait l’impression de devenir fou. Des bribes de pensées tourbillonnaient dans son cerveau : plans, soulagement, deuil, rêves, liberté, des endroits à visiter, des jouets à acheter, des ambitions à assouvir enfin. Puis, sous un jour moins lumineux : un sens de culpabilité envers Amy, la crainte que toute cette fortune ne s’évanouisse aussi vite qu’elle s’était matérialisée, qu’il n’y ait une contrepartie déplaisante, une entourloupe dont Mlle Jensen avait omis de lui parler. Il regarda le contrat qui gisait sur le lit, à côté de lui, et relut l’avertissement rédigé sur la première page.

Il décida de suivre le conseil du rédacteur anonyme et se lança à la recherche de son carnet d’adresses. Puis il passa un coup de fil à un vieux pote qui était avocat à Londres.

 

John Wellesley était en rendez-vous lorsque Nick parvint à joindre son cabinet, mais il le rappela quelques instants plus tard. Par un énorme effort de volonté, Nick n’avait bu qu’une ou deux gorgées de whisky. Tous ses instincts lui conseillaient de picoler jusqu’à tomber raide, mais une résolution beaucoup plus forte lui soufflait qu’il avait tout intérêt à garder la tête froide.

Il donna à Wellesley un résumé bref, bien que légèrement hystérique, de l’offre qu’on lui avait faite. Ce n’est qu’à ce moment qu’il comprit pleinement l’effet que cette histoire avait sur lui. Les mots se bousculaient entre ses lèvres et sa voix était beaucoup plus aiguë qu’à l’habitude. Il lui fallut faire un nouvel effort pour cesser de déblatérer comme un gâteux.

Wellesley l’écouta en silence, puis dit d’une voix très calme :

« C’est un contrat selon Valence ? »

Nick inspira profondément. Il se sentait tout étourdi.

« Je crois, oui. Ils en parlent dans l’introduction.

— Comporte-t-il trente-deux pages ? »

Nick jeta un coup d’œil au bas du dernier feuillet.

« Oui.

— Il faut que je te pose une question, Nick. Cela peut paraître prématuré, mais c’est nécessaire. Est-ce que tu me demandes un conseil d’ami ou veux-tu que je négocie ce contrat en ton nom ?

— Les deux, en fait. Commençons par les conseils.

— Veux-tu raccrocher et prendre le temps de te calmer avant que je ne continue ?

— C’est vraiment si grave, John ?

— Je te comprends, remarque. J’ai déjà bossé sur plusieurs accords de ce style, et apparemment l’effet est toujours le même.

— Très bien, j’arrête de bavasser. »

Nick vida son verre de whisky et se concentra sur ce que Wellesley lui disait.

« Je vais te simplifier la tâche. Ce qui est vraiment important, c’est que si tu signes ce contrat tel quel, tu ne cours pas le moindre risque. Ces accords sont régis par une législation internationale. Es-tu prêt à te soumettre à un scan électronique, comme ils te le demandent ?

— Oui. »

Acie Jensen lui en avait parlé, mais à ce moment-là Nick ne pensait qu’à la fortune qui l’attendait. Et ce n’est pas l’état d’esprit idéal pour prêter attention à ce qu’on vous dit.

« Très bien, tant que tu sais ce qui t’attend. J’imagine que ce n’est pas plus désagréable qu’une prise de tension, mais comme je ne l’ai jamais subi en personne, je ne suis sûr de rien. Il n’y a probablement pas le moindre risque physique, mais le traité de Valence t’autorise à prendre conseil auprès d’un médecin sans porter préjudice à l’accord.

— Ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus.

— Bon. Pour ce qui est de l’argent : de quelle compagnie s’agit-il ?

— Ils disent être basés à Taïwan, en Chine.

— Ce n’est quand même pas GunHo Corporation ?

— Si.

— Félicitations. C’est une des plus grosses boîtes de réalité virtuelle sur le marché. Tu es dans de bonnes mains, Nick. Pour autant que je sache, leurs contrats sont standards. En tout cas, d’après ta description, c’est bien le cas. Et il a reçu l’approbation de toutes les cours de justice : la Cour suprême des États-Unis, la cour d’appel de chez nous, les tribunaux européens de Strasbourg et La Haye.

— Tu sembles avoir potassé la question, dit Nick, impressionné.

— Comme je l’ai dit, ces deux dernières années, j’ai déjà travaillé plusieurs fois sur des contrats ExEx. Combien proposent-ils ? »

Nick lui donna le chiffre exact.

« Pas mal. Selon les cours actuels, cela se situe entre le raisonnable et le généreux. Qu’est-ce qu’ils veulent en échange ?

— La tuerie de Gerry Grove, à Bulverton. Celle qui a causé la mort de mes parents.

— Bien sûr ! J’aurais dû m’en douter. Bulverton est très demandé en ce moment.

— Je n’étais pas là lorsque cela s’est produit. Je me demande s’ils n’ont pas commis une erreur. Si jamais ils s’en apercevaient et laissaient tomber toute l’affaire, ce serait l’horreur.

— Il y eut un temps où tu aurais eu toutes les raisons de t’inquiéter. Jusqu’à l’an dernier, ils ne voulaient avoir affaire qu’à des gens qui avaient pris une part effective aux événements, ou des témoins visuels. Mais ils ont nettement amélioré leurs logiciels. Apparemment, ils se contentent de rapports de seconde main. Le résultat ne tiendrait pas devant un tribunal, mais qu’importe ? C’est du showbiz. Tu vis chez tes parents ?

— Ils tenaient un hôtel, et j’ai pris leur succession.

— C’est sans doute à cause de ce qui est arrivé à tes parents qu’ils t’ont choisi. En fait, ce jour-là, la plupart des témoins directs ont été abattus. C’est une des raisons pour lesquelles ces pontes de la réalité virtuelle ont mis tant de temps pour s’atteler à l’affaire. Écoute, nous avons dépassé les limites qui me sont imposées. La Société des hommes de loi exige qu’à ce stade je ne te fasse aucune promesse, mais veux-tu que je représente tes intérêts ?

— Eh, ne le prends pas mal, reprit Nick. Mais si le contrat est vraiment en béton armé, je n’ai besoin de personne, non ?

— Ça dépend. Est-ce que tu veux leur demander plus d’argent ?

— Eh bien…

— De toute évidence, GunHo tient absolument à mettre la main sur ces souvenirs enfouis dans ton inconscient, et cette boîte croule littéralement sous le fric. As-tu une idée de ce qu’ont rapporté les expériences extrêmes rien que cette année ?

— Non. Il n’y a pas si longtemps, je ne savais même pas ce que c’était.

— C’est ce que tout le monde disait à propos d’Internet. Comme le remarque un de mes potes de la City : Si ExEx était un pays, ils disposeraient de la seconde économie la plus prospère au monde. Ils ont déjà plus de clients que toutes les grandes boîtes de boissons non alcoolisées réunies. Et ils demandent bien plus que le prix d’une canette de Coca.

— Tu veux dire qu’on peut leur faire cracher encore plus d’argent ? Cela semble déjà énorme.

— Je peux te proposer de m’engager. Nick, je suis avocat. Il y a des règles que je dois respecter.

— Et si tu n’étais pas du métier, que dirais-tu ?

— Eh bien… bon, c’est bien parce que c’est toi. Je peux doubler cette somme rien qu’en levant le petit doigt. Et une fois remplie cette petite formalité, je peux m’attaquer aux droits résiduels tels que les droits d’adaptation TV et cinéma, plus les royalties et les traductions. Je peux leur faire cracher un max. Et pour ce qui est des dépendants ? As-tu épousé cette fille avec qui tu habites ?

— Amy ? Non.

— Vous n’avez pas d’enfants, donc ?

— Non.

— Dommage. Si tu as une famille, tu peux bénéficier d’avantages fiscaux.

— En ce moment, ce n’est pas les impôts qui me préoccupent le plus.

— Dans un an, tu ne diras pas ça. »

Ils discutèrent encore quelques minutes. Nick avait besoin de temps pour penser ; c’était une phase nécessaire au processus d’assimilation qui se développait dans son cerveau. Lorsqu’ils raccrochèrent, John Welleslev était son représentant officiel. L’avocat lui dit que, à son avis, les négociations avec GunHo devraient être conclues au bout d’une semaine, mais qu’il devrait pouvoir obtenir une avance sur-le-champ, ou presque.

« Au fait, je dois te décompter ce coup de fil, ajouta-t-il.

— Combien ? »

Wellesley le lui dit en riant.

« C’est du vol ! s’écria Nick.

— N’est-ce pas ? Mais rien que le temps qu’a duré notre conversation, tes intérêts ont monté de cinquante fois cette somme. Maintenant, Nick, tu es ma vache à lait. Je compte bien en profiter à fond, et tu serais mal placé pour me le reprocher. »

 

Nick descendit l’escalier, un peu étourdi. Il fallait qu’il en parle à Amy, et le plus tôt serait le mieux.

Mais il ne la trouva pas : elle était sans doute allée faire une course en ville.

Il s’assit donc au bar, son verre de whisky posé devant lui, sur le comptoir. Il fut tenté de s’en resservir un, mais résista et repartit à la recherche d’Amy. C’était désormais sa priorité. Il ne pouvait rien décider avant de lui avoir parlé ; il ne pouvait pas penser, prévoir, rêver. Soudain, plus rien n’était comme avant.

Il la retrouva face à la porte de derrière qu’elle venait de franchir. Elle était toute rouge, au bord de l’hystérie, et brandissait un contrat qui, à première vue, était identique au sien.

 

Amy quitta l’hôtel pour prendre sa journée, du moins ce qu’il en restait. Après son départ, Nick trouva son contrat dans leur chambre, abandonné sur la chaise où, en général, elle déposait ses vêtements. Il appela Jack Masters et lui demanda s’il voulait bien tenir le bar ce soir-là, puis passa dans la salle à manger pour préparer le dîner. Ils étaient tous là, assis face à deux tables situées à l’autre bout de la pièce. Teresa Simons tournait le dos aux quatre autres clients. Nick se demanda si Acie Jensen lui parlerait du second contrat, mais elle n’en fit rien.

Nick prépara les déjeuners aussi vite que possible tout en se disant : la deuxième chose que je ferai, ce sera de vendre cet hôtel ; mais avant, je commencerai par embaucher un cuistot.

Amy ne se montra pas de la journée et, à la fin de la soirée, alors que Jack et lui faisaient la fermeture, Nick était sûr qu’elle était partie pour de bon. Il était trop énervé pour se coucher et traîna comme une âme en peine jusqu’à une heure du matin. L’idée de sa richesse imminente tournait et retournait dans sa tête comme un requin autour de sa proie. C’était l’événement majeur de toute son existence ; même le massacre s’en voyait relégué au second plan.

Amy finit par rentrer. Elle monta tranquillement l’escalier, le trouva allongé sur le lit, les yeux grands ouverts, et traversa la chambre pour s’enfermer dans la salle de bains. Il attendit pendant qu’elle prenait une douche tout en se demandant si c’était vraiment la dernière nuit qu’ils passeraient ensemble.

Elle ne dit rien, mais se coucha à ses côtés, puis se blottit affectueusement contre lui et, peu de temps après, ils firent l’amour. Ce ne fut pas vraiment leur séance la plus exténuante et sauvage et, lorsque tout fut terminé, Nick en resta triste et préoccupé.

« Tu as toujours voulu t’en aller loin de cette ville, dit Amy. J’imagine que c’est ce que tu vas faire, maintenant ?

— Pourquoi ? répondit-il en une vaine tentative de noyer le poisson.

— Tu as tout l’argent qu’il te faut pour ça, ou du moins tu l’auras bientôt. Plus rien ne te retient ici. C’est l’occasion que tu attendais.

— Je ne suis pas encore décidé.

— Ce qui veut dire que tu vas probablement le faire, mais refuses de me le dire. »

Elle se tortilla nerveusement, puis finit par rejeter les couvertures et s’assit sur le lit. Il vit sa silhouette qui se découpait sur le ciel nocturne, derrière la fenêtre dont il n’avait pas tiré les rideaux. Il se redressa à son tour et distingua le haut de l’antenne satellite de la camionnette garée en contrebas.

« Eh bien, pour ma part, cela fait des semaines que j’y pense. Je veux m’en aller. Nick. Je ne veux plus jamais revoir Bulverton de toute ma vie.

— Très bien. C’est plus ou moins ce que je ressens, moi aussi.

— Je voulais te quitter dès que possible, reprit-elle. Jamais je n’avais ressenti une telle sensation. Toi, Jase, l’hôtel, toute cette vie n’était qu’un piège, et il s’est refermé sur moi. Mais… maintenant, tout a changé. Ce n’est pas une question d’argent, mais de ce qu’il peut faire pour nous. Plus la moindre pression, plus de soucis. Je sais que ce n’est pas la solution à tous les problèmes, mais nous avons désormais un moyen d’échapper à ce piège. Est-ce que tu viendrais avec moi ? Si tu ne veux rien promettre dès maintenant, ça me va, mais j’aimerais qu’on quitte cette ville dès que cette affaire sera terminée.

— J’ai bien entendu ? fit Nick stupéfait. Tu veux que je parte avec toi ?

— Oui. »

Il éclata de rire.

« Qu’est-ce qu’on dit ? « S’il te plaît. »

— S’il le plaît, Nick. Mais toi, qu’en penses-tu ? Tu préfères peut-être t’en aller de ton côté ?

— Oh, non, fit-il avec un maximum de sincérité. Pas maintenant. »

Lorsque vint le matin, après une nuit blanche passée à planifier, décider et rêver à voix haute, ils descendirent préparer le petit déjeuner de leurs clients.

« Je ne veux plus jamais effectuer ce genre de corvée, déclara Nick. Fini les hôtels. S’il y a un travail sous-payé, sous-estimé, sous-récompensé et socialement dégradant, c’est bien celui-ci. »

Amy nettoyait le percolateur et tira du réfrigérateur le café en grains pauvre en caféine et en sodium, riche en zinc et économiquement correct qu’ils achetaient à prix d’or à un distributeur indépendant de Londres.

« Je ne sais pas si tu réalises que c’est peut-être la dernière fois de ta vie que tu dois effectuer ces gestes ?

— Rien ne peut changer si vite, répondit-il.

— Voilà une phrase que je risque de te rappeler dans trois heures. À neuf heures, très exactement.

— Qu’est-ce qui va se passer à neuf heures ?

— Un événement que j’ai passé toute la journée d’hier à préparer, et rien que pour toi.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Tu verras bien. »

Une demi-heure plus tard, ils avaient fini de préparer les petits déjeuners. Ils purent donc s’asseoir à la table de la cuisine et boire leur propre café instantané, riche en caféine et probablement en sodium et au taux de zinc inconnu.

« Il ne faut surtout pas faire confiance à ces gens, dit Amy. Tu devrais prendre un avocat.

— C’est déjà fait, répondit-il. Et toi, tu devrais en faire autant.

— Je m’en suis occupée hier. »

Les Extrêmes
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